Dans la première partie de l’entrevue (disponible juste ici), Bernard Bigras, le nouveau président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG), retrace une partie de son parcours professionnel, ainsi que son cheminement personnel, vers un attrait pour les secteurs du génie dans un contexte de développement durable. Dans cette deuxième partie, Bernard Bigras nous en dit un peu plus sur la mise en œuvre du plan stratégique 2021-2024 de l’AFG, et donne des conseils à la prochaine génération de professionnels du génie.
Quelle est votre vision de l’avenir dans le secteur du génie québécois?
Je complète actuellement une tournée des membres qui se positionne sur trois grands piliers dont les firmes de génie-conseil devront se préoccuper (ou pour lesquels ils devront intensifier leurs efforts).
D’abord, le premier pilier est celui du capital humain, ou plus concrètement, l’enjeu de la main-d’œuvre. Ce que l’on comprend dans cet enjeu, c’est qu’il y aura un certain équilibre entre l’offre et la demande d’ici 2030 en termes de professionnels dans le secteur du génie. On sait qu’il y a un petit déficit actuellement, mais nous ne sommes pas dans une situation catastrophique. Cependant, il y a beaucoup d’étudiants, et la relève essentiellement, qui sont issus de l’étranger. On sait qu’il y a un contexte sanitaire particulier, on ne connaît pas l’avenir, donc il va falloir faire une veille à cet égard. Comment faire en sorte que nos firmes de génie-conseil soient en mesure d’avoir les ressources nécessaires à l’accomplissement de leurs mandats ? Il faut être capable de relever ce défi, mais également celui de l’adaptation et du développement des compétences. Les enjeux climatiques vont faire en sorte que les enjeux de main-d’œuvre seront différents, et en conséquence, nos professionnels devront s’adapter. Un autre élément qui est important pour moi, c’est la place des femmes. Je pense qu’il y a beaucoup d’efforts à faire quand on sait que dans une industrie comme la nôtre, il n’y a que 15 % des professionnels qui sont des femmes. Il va falloir augmenter ce nombre, ce qui veut dire être capable d’être plus attractif.
Le deuxième pilier, c’est celui de l’innovation. Je parle d’innovation économique, sociale, et environnementale. On le sait, les matériaux et les composites évoluent énormément, l’industrie et les firmes de génie-conseil sont sans aucun doute les acteurs les mieux placés pour guider la recherche. Ce qui me paraît important, c’est de s’assurer que les résultats répondent aux besoins de l’industrie.
Finalement, le troisième pilier est le cadre réglementaire. On œuvre en tant que professionnels dans un cadre, législatif, réglementaire, contractuel, et il faut s’assurer que ce cadre réponde bien aux impératifs de nos mandats. Un ingénieur est un professionnel avec un titre réservé, avec des champs de pratique. En tant que tel, on a donc une obligation de s’assurer de protéger le public en termes de sécurité, de qualité des ouvrages et aussi de relation de confiance avec nos clients.
Auriez-vous un conseil à donner à la relève?
Il faut vraiment travailler sur les enjeux du futur et ne pas se faire distraire par toutes sortes d’enjeux plus contractuels. Si j’étais un jeune de la relève, mes champs d’études porteraient essentiellement sur l’enjeu du développement durable et de la lutte aux changements climatiques. Ça signifie travailler sur les enjeux de transition énergétique, écologique, d’intégration du vivant à l’intérieur de nos infrastructures « vertes ». Le conseil que je donnerais à la relève serait de s’attarder sur ces enjeux, car je suis convaincu que c’est une opportunité pour les futurs professionnels et j’espère qu’ils seront au rendez-vous. C’est aussi une opportunité pour les firmes de génie-conseil, parce que si elles ne le font pas, personne d’autre ne sera en mesure de le faire. À mon avis, il y a moyen d’avancer tous ensemble dans cette direction pour trouver des solutions durables.